Bourses et prix de recherche

Zhaohong (Tina) Qin

Programme de neurosciences
Lauréate du prix Worton du chercheur en formation de 2016

Il y a des jours où Zhaohong (Tina) Qin, Ph.D., doit se rappeler de quitter le laboratoire pour rentrer chez elle. L’observation de neurones qui s’enflamment l’absorbe tellement qu’elle en perd la notion du temps.

« On applique le médicament et on voit le changement tout de suite », affirme la boursière postdoctorale à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « J’adore ça. Rien ne me donne autant de vie. »

À son arrivée de Chine il y a 11 ans, Tina Qin était déjà une chercheuse chevronnée. Elle y travaillait dans le secteur pharmaceutique, où elle découvrait de nouveaux médicaments et trouvait différentes façons de diagnostiquer des maladies.

Comme les emplois dans ce domaine étaient rares au Canada, la nouvelle venue est retournée sur les bancs d’école pour faire une maîtrise en biologie à l’Université d’Ottawa. En examinant les capteurs qu’utilisent les poissons pour déceler de l’oxygène dans l’eau, elle a appris des techniques qui lui permettent aujourd’hui d’étudier le fonctionnement du cerveau.

« Je m’intéressais d’abord et avant tout à la recherche en santé mentale, dit-elle. Un de mes meilleurs amis s’est suicidé, alors je veux mettre mes compétences à profit pour traiter ces troubles difficiles qui touchent tant de gens. »

Pendant qu’elle faisait son doctorat au laboratoire de Hsiao-Huei Chen, Ph.D., Mme Qin a fait une découverte surprenante. Elle s’est aperçue qu’un médicament appelé trodusquémine, qui sert à gérer le poids, pouvait aussi réduire l’anxiété chez les souris. Ainsi, les voies du cerveau associées à l’anxiété et à l’obésité seraient reliées.

Elle voulait immédiatement savoir pourquoi. De nombreux tests et expériences plus tard, elle découvrait la réponse : c’est l’enzyme PTP1B qui est responsable. Lorsqu’elle est suractivée, cette enzyme favorise l’obésité et l’anxiété. La trodusquémine aide le cerveau à se réparer en ramenant les niveaux de PTP1B à la normale.

« Nous avons bon espoir que cette découverte passera du laboratoire à la clinique et que ce médicament pourra servir à combattre deux maladies à la fois », dit Mme Qin.

Mais la chercheuse ne s’arrête pas là. Elle cherche maintenant à déterminer si le médicament en question peut aussi traiter d’autres troubles de santé mentale associés à une PTB1B trop active, comme la maladie d’Alzheimer et la schizophrénie.

Cette chercheuse louée par ses collègues pour sa force, sa motivation, son autonomie et sa détermination a publié 12 articles de recherche, dont un bon nombre dans des revues prestigieuses comme Neuron et le Journal of Neuroscience. Elle a certes connu du succès jusqu’ici, mais elle est la première à avouer qu’une carrière en neurosciences n’a rien de facile.

« Je deviens frustrée quand une expérience échoue, mais je refuse d’abandonner, affirme-t-elle. Si je veux que mes travaux aident des gens, je ne peux pas tout laisser quand ça va moins bien. »