Bourses et prix de recherche

Dr Marc Carrier

Programme d’épidémiologie clinique
Lauréat du prix Chrétien du chercheur de l’année 2015

Le Dr Marc Carrier poursuivait sa formation de biologiste végétal lorsqu’une brève expérience comme bénévole dans un foyer pour personnes âgées l’a convaincu de changer de carrière.

« C’était tellement valorisant de pouvoir aider ces gens », affirme-il. « Ça m’a fait réaliser que je voulais aller en médecine ».

Le Dr Carrier a finalement allié sa passion pour les sciences et sa compassion, à titre de scientifique principal et spécialiste de la thromboembolie veineuse à L’Hôpital d’Ottawa. Il a récemment publié dans le New England Journal of Medicine une étude qui améliore dans le monde entier les soins aux patients qui ont ce problème de santé.

Maladie potentiellement mortelle, la thromboembolie veineuse se produit lorsqu’un caillot de sang se loge dans les veines de la jambe ou du poumon. Des recherches précédentes indiquaient que la thromboembolie veineuse pouvait aussi être un signe précurseur de cancer chez les patients n’ayant pas d’autres facteurs de risque. Voilà pourquoi de nombreux cliniciens leur faisaient passer un dépistage exhaustif du cancer. Or, comme il existait peu de preuves des bienfaits de ce dépistage, le Dr Carrier a conçu et dirigé un essai clinique pour y voir plus clair.

Dans le cadre de l’essai, 854 patients ayant une thromboembolie veineuse inexpliquée ont été aléatoirement soumis soit uniquement à un dépistage de base du cancer, soit au dépistage de base du cancer en plus d’une tomodensitométrie pelvienne et de l’abdomen. Fait étonnant, l’essai n’a révélé aucune différence dans le nombre de cancers détectés ni dans le nombre de décès associés au cancer.

« Bien qu’il soit tentant de croire que réaliser plus d’examens de détection est toujours bénéfique, notre étude indique que ce n’est pas nécessairement le cas », explique le Dr Carrier, également professeur agrégé à l’Université d’Ottawa. « Les tomodensitométries non nécessaires présentent même des risques réels. Elles peuvent causer du stress et de l’anxiété aux patients et les exposent à des radiations, en plus de favoriser l’étude trop poussée de faux résultats positifs. Grâce à notre étude, de nombreux patients pourront désormais éviter cela. »

Les résultats pourraient entraîner des économies de jusqu’à 9 M$ par année au Canada, vu la réduction du nombre d’examens de tomodensitométrie.

Le Dr Carrier attribue son succès aux excellents mentors et membres de son équipe, ainsi qu’aux patients inspirants.

« Comme chercheur, j’apprécie toujours que les patients posent des questions et remettent en cause les dogmes de la médecine, car c’est de là que je puise mes idées, confie-il. Je crois que tous les cliniciens devraient s’intéresser à la recherche parce qu’elle nous aide à comprendre les données scientifiques et à être plus attentifs aux patients. »