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UN CHERCHEUR D'OTTAWA INDIQUE QUE QUELQUES PRATIQUES ACTUELLES UTILISÉES DANS LES ESSAIS CLINIQUES SONT REDONDANTES ET SOUVENT INUTILES

Il faut faire preuve de plus de discernement pour améliorer le système selon une étude publiée par un scientifique de l'IRSO, le Dr Dean Fergusson.

OTTAWA, LE 16 JUIN 2005 - Une nouvelle étude sous la direction du Dr Dean Fergusson, scientifique à l'IRSO et professeur à l'Université d'Ottawa, dont le but était d'examiner et de justifier les pratiques actuelles de déroulement d'essais cliniques, a soulevé de nombreuses questions. D'abord, on mentionne dans cette étude que certains chercheurs n'examinent pas les preuves qui existent déjà et qu'ils entreprennent des essais cliniques qui ont déjà été effectués et prouvés scientifiquement. L'étude est publiée aujourd'hui dans la revue de la Society for Clinical Trials.

« Dans certains cas, bon nombre d'essais se déroulent sans fondement scientifique ou éthique », mentionne le Dr Fergusson. L'article fait référence entre autres à des essais contrôlés randomisés de l'aprotinine utilisée en chirurgie cardiaque pour diminuer les besoins de transfusion. Le Dr Fergusson a répertorié 64 essais contrôlés randomisés portant sur l'aprotinine effectués entre 1987 et 2002 - la plupart ayant déjà fait l'objet d'études antérieures et de résultats. Le Dr Fergusson souligne que les chercheurs ayant fait des études cliniques sur l'aprotinine n'ont font pas référence de façon appropriée à des essais existants ni n'ont fait de révisions systématiques pour justifier le besoin d'essais cliniques supplémentaires. Résultat : de nombreux essais cliniques inutiles auxquels participent un grand nombre de patients - l'utilisation de groupes recevant un placebo ou ceux ne recevant aucun traitement devient alors discutable.

Afin d'améliorer les pratiques actuelles, le Dr Fergusson suggère que les chercheurs effectuent des analyses de preuves plus ordonnées en utilisant des normes établies et des méthodes scientifiques de révision systématique. Il recommande aussi que les conseils d'éthique de recherche et les revues spécialisées évaluent à fond ces analyses. « Le danger de refaire des essais qui ont déjà été effectués, poursuit le Dr Fergusson, est d'exposer des patients à des traitements sous-optimaux connus et en les désignant pour recevoir un placebo. Les patients bénéficieraient davantage de participer à des essais cliniques dans lesquels de nouveaux produits seraient mis à l'essai ou dans lesquels seraient étudiés des effets secondaires potentiels inconnus », d'ajouter le Dr Fergusson, qui a récemment fait les manchettes au sujet d'une étude sur les antidépresseurs et le risque accru de suicide. Selon le Dr Fergusson, pour que la recherche clinique soit éthique, elle doit être utile. Si on veut savoir si un essai ajoute une valeur aux connaissances actuelles, il faut absolument effectuer une révision systématique de la littérature dans le domaine.

Mais le Dr Fergusson s'empresse de souligner que, d'une façon générale, les essais cliniques sont essentiels et souvent bien réalisés. « Les essais cliniques randomisés demeurent l'étalon-or en matière d'évaluation de l'efficacité d'un traitement, rappelle-t-il. Ainsi, les essais cliniques ont beaucoup influencé la pratique clinique et ont amélioré la santé de nombreuses personnes. Afin de continuer à améliorer le mieux-être des patients, nous devons nous assurer que nous posons des questions et obtenons des réponses défendables sur les plans scientifique et éthique ».

La responsabilité repose sur les comités d'éthique en recherche qui approuvent ces essais ainsi que sur les revues qui les publient. Des organismes financés par le gouvernement comme les Instituts de recherche en santé du Canada exigent des révisions systématiques d'essais cliniques existants.

« L'article de Dean Fergusson et de ses collègues dans ce numéro de la revue est la preuve la plus récente du scandale actuel auquel participent tous implicitement les commanditaires, les milieux universitaires, les chercheurs, les comités d'éthique en recherche et les revues scientifiques », mentionne le Dr Iain Chalmers, chercheur respecté et très prolifique de qui provient du James Lind Alliance à Oxford en Angleterre.

« Cette étude démontre le besoin de réviser systématiquement les essais cliniques déjà existants quand vient le temps de planifier de nouvelles études et de s'assurer qu'une question de recherche n'a pas déjà une réponse, souligne le Dr Jeremy Grimshaw, directeur du Programme d'épidémiologie clinique à l'IRSO. À défaut d'effectuer cette révision, les patients risquent d'être exposés à des traitements ayant été prouvés inefficaces ou risquent de se voir refuser des traitements dont l'efficacité a été prouvée, ainsi que de voir le financement limité de projets de recherche utilisé à mauvais escient. »

Pour de plus amples renseignements :
Nathalie Trépanier
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