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Des médicaments couramment utilisés chez les patients greffés du rein ne s’avèrent pas aussi efficaces qu’on le pensait


le 22 octobre 2015

La transplantation rénale sauve des vies et en améliore considérablement la qualité, mais les personnes greffées du rein doivent souvent prendre des dizaines de pilules par jour pour assurer le fonctionnement de leur nouveau rein et prévenir les complications. Trois nouvelles études dirigées par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa démontrent maintenant que trois de ces médicaments ne sont pas aussi efficaces qu’on le croyait et qu’ils pourraient avoir des effets secondaires graves. Nous pouvons nous attendre à ce que les résultats modifient la pratique médicale partout dans le monde.

L’étude la plus récente, publiée le 22 octobre 2015 dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, portait sur le médicament ramipril pour les greffés rénaux qui présentent un taux élevé de protéines dans l’urine (considéré comme un facteur de risque d’insuffisance rénale). Financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), l’essai aléatoire à double insu comptait 212 patients dans 14 centres au Canada et en Nouvelle-Zélande.

Après un suivi d’une durée moyenne de quatre ans, il n’y avait aucune différence dans les marqueurs clés de la santé du rein entre les personnes qui avaient reçu le médicament et celles qui avaient reçu le placebo. De plus, les patients ayant reçu le ramipril étaient plus susceptibles de présenter des effets secondaires comme une faible numération globulaire (anémie), qui peut contribuer à l’échec de la transplantation et à la mort.

« Le ramipril abaisse la tension artérielle, et des recherches antérieures ont démontré qu’il réduit le risque d’insuffisance rénale chez les patients à risque élevé et qui n’ont pas reçu de transplantation », explique le Dr Greg Knoll, co-auteur principal de l’étude, scientifique et spécialiste des transplantations rénales à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Beaucoup de personnes présumaient que le ramipril bénéficierait aussi aux patients greffés à risque élevé, de sorte qu’il a été couramment utilisé chez ces patients malgré les preuves limitées sur son bienfait. »

« Notre étude démontre que le ramipril n’apporte aucun avantage significatif aux patients greffés du rein et à risque élevé », affirme M. Dean Fergusson, Ph.D., co-auteur principal de l’étude, épidémiologiste et scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Nous croyons que cette découverte aura une incidence sur la pratique médicale dans le monde entier et qu’elle permettra d’éviter aux patients de prendre un médicament inutile et potentiellement nuisible. »

Cette étude suit de peu deux autres études similaires dirigées par le Dr Knoll et M. Fergusson.

La première, publiée dans le Journal of the American Medical Association en novembre 2014, portait sur le médicament lévofloxacine, utilisé couramment pour prévenir l’infection au virus BK chez les greffés du rein. Financé par les IRSC, l’étude aléatoire à double insu comptait 154 patients dans sept centres canadiens. Les résultats, résumés ici, démontrent que la lévofloxacine n’empêche pas l’infection au virus BK et que son utilisation peut, en fait, augmenter le risque d’infections bactériennes résistantes aux antibiotiques.

La deuxième étude, publiée dans le British Medical Journal en novembre 2014, portait sur le sirolimus, médicament qui affaiblit le système immunitaire et empêche le rejet du rein transplanté. Or, plusieurs médicaments immunosuppresseurs peuvent aussi accroître les risques de cancer. On croyait toutefois le sirolimus exempt de cet écueil et pour cette raison, il était couramment prescrit aux patients greffés ayant un risque élevé de cancer. Le Dr Knoll et M. Fergusson ont mené une méta-analyse sur le sirolimus auprès d’environ 6 000 patients greffés du rein qui ont participé à 21 essais à différents endroits dans le monde. Les résultats, résumés ici, démontrent que le sirolimus réduit bel et bien le risque de cancer, mais qu’il accroit les risques de mortalité globale de 43 %. Cette étude a été subventionnée par Pfizer.

« C’est absolument incroyable de penser que dans la dernière année seulement, nous avons découvert que trois médicaments d’usage courant chez les patients greffés du rein sont totalement inefficaces ou ne donnent pas d’aussi bons résultats qu’on le pensait, souligne le Dr Knoll. Cette découverte démontre à quel point c’est essentiel de mener des recherches rigoureuses pour évaluer les traitements médicamenteux. »

« Combinées, ces études vont permettre de sauver des vies, d’améliorer la qualité de vie et de réaliser des économies pour le système de santé, affirme M. Fergusson. Elles ouvrent également la voie aux recherches sur de nouveaux traitements qui heureusement procureront plus d’avantages aux patients. »
Jim Ward a reçu un rein de son frère en 2001 et a participé aux recherches du Dr Knoll et de M. Fergusson à L’Hôpital d’Ottawa. « C’est décevant d’apprendre que ces médicaments ne fonctionnent pas, mais ce n’est que grâce aux recherches que nous pouvons faire de telles découvertes, prévenir les maladies rénales et un jour les éliminer », a‑t‑il déclaré.

Le Dr Knoll a reçu récemment une subvention de 3,9 M$ du volet Fondation des Instituts de recherche en santé du Canada sur sept ans afin d’entreprendre une recherche axée sur le patient en transplantation rénale. Des organismes partenaires y apportent aussi une contribution de plus de 1,8 M$, notamment la Société canadienne de transplantation, la Société canadienne du sang, la Fondation canadienne du rein, le Réseau rénal de l’Ontario, le Réseau Trillium pour le don de vie, Qualité des services de santé Ontario, le Programme national de recherche en transplantation du Canada et l’Institut de recherche en services de santé (ICES). La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa appuie également la recherche du Dr Knoll.

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