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La cornée artificielle de la Dre May Griffith pourrait bien mettre fin à la pénurie mondiale de tissus donneurs humains


le 16 novembre 2007

La cornée artificielle de la Dre May Griffith pourrait bien mettre fin à la pénurie de tissus de donneurs humains et réduire considérablement le nombre de tests d’irritation oculaire pratiqués sur des animaux vivants. La Dre Griffith travaillait à l’origine sur la guérison de l’œil après une chirurgie au laser. Comme elle avait besoin de matériel pour concevoir des modèles, elle a communiqué avec une banque d’yeux pour en obtenir. Elle n’aurait jamais pensé que cet appel aurait une incidence aussi considérable sur sa carrière.

« Quand j’ai téléphoné à la banque d’yeux, l’employé m’a demandé si je lui faisais une blague. Il m’a dit que je ne pouvais pas avoir des cornées en bon état à des fins de recherche parce qu’ils en ont besoin pour les patients et il y a une liste d’attente au Canada, précise la Dre Griffith. J’ai donc décidé que j’allais simplement créer mes propres cornées pour avoir assez de matériel. »

Environ 10 millions de personnes souffrent de problèmes de vision dans le monde et elles doivent souvent attendre des années avant d’être traitées parce qu’il y a une pénurie de tissus humains. La cornée artificielle de la Dre Griffith, moulée dans du polymère, pourrait bien changer la donne. Comme le « squelette » qui entoure la cornée est bio-interactif et fait de collagène, le corps du patient ne le rejettera pas.

La Dre Griffith ajoute que la seule façon d’obtenir une greffe stable, c’est-à-dire une bonne interaction entre le greffon et l’hôte, c’est d’amener les propres tissus du patient à croître dans le squelette et dans l’œil du patient. Ainsi, les tissus peuvent s’intégrer à l’œil et finir par en faire partie. Il n’y a aucune « couture ». L’intégration est parfaite. De plus, comme les propres cellules du patient se développent dans le squelette et le remodèlent, le patient n’a plus besoin de prendre des médicaments immunosuppresseurs. Les possibilités de rejet de la greffe sont complètement éliminées.

La Dre Griffith fait à la fois de la recherche fondamentale et appliquée dans le cadre de son travail. Cette approche combinée est selon elle la clé du succès de son équipe dans la création de leur cornée artificielle. La phase 1 des essais cliniques est d’ailleurs sur le point de débuter.

« Dans le fond, la seule façon de continuer d’avancer, c’est de continuer de créer du nouveau matériel et de jongler avec de nouvelles idées. Et la seule voie possible pour ce faire est la recherche fondamentale, ajoute la Dre Griffith. D’un autre côté, nous nous intéressons aussi au traitement des patients et à la transplantation. Voilà pourquoi, à l’Université et à l’IRHO, nous avons fait le pont et assemblé un véritable « pipeline », qui va de la recherche fondamentale à la recherche appliquée. »

Bien qu’elle soit seulement au tout début de sa carrière, qui s’annonce d’ailleurs très prometteuse, la Dre Griffith a déjà acquis le respect de bon nombre de ses collègues plus expérimentés. Ces sept dernières années, elle a rédigé 49 articles et 6 chapitres de livres spécialisés qui ont été publiés. Elle détient trois brevets et travaille pour en obtenir sept autres. Elle est en outre inscrite au palmarès des 40 Canadiens de moins de 40 ans les plus prometteurs. Ce qui est peut-être le plus remarquable, c’est qu’elle a accompli toutes ces réalisations pendant une période de sa vie où elle a déménagé son laboratoire trois fois, reçu un traitement contre le cancer et adopté un enfant!

Remarque : L’article est reproduit avec la permission d’OCRI Life Sciences. En septembre 2007, la Dre Griffith a reçu le prix de distinction en recherche d’OCRI Life Sciences. Pour en savoir plus, consultez son profil (en anglais seulement).