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Les répercussions des crises sanitaires sur l’aide demandée par les victimes d’agression sexuelle


le 3 janvier 2023

Katherine Muldoon, Ph.D. « Nous avons constaté une hausse marquée du nombre de visites à l’Urgence pour agression sexuelle au cours des deux mois précédant la pandémie, potentiellement à cause d’un stress accru au sein de la société. Nous avons remarqué une forte diminution immédiatement après mars 2020, et des fluctuations à chaque nouvelle vague » - Katherine Muldoon, Ph.D.Les restrictions liées à la pandémie se sont traduites par une baisse du nombre de visites à l’Urgence pour agression sexuelle, laissant ainsi entrevoir la nécessité de prendre des mesures tenant compte des traumatismes et des violences durant des crises sanitaires, aux dires d’une nouvelle étude utilisant des données de l’ICES.

Des recherches antérieures avaient montré une diminution du nombre de visites à l’Urgence pour violence et agression sexuelle au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19, mais il existe moins de données sur les visites pour agression sexuelle lors des différentes vagues de la pandémie.

« Nous avons étudié les tendances en matière de visites à l’Urgence pour agression sexuelle au cours des années et des mois précédant la pandémie et pendant les quatre vagues de restrictions liées à la COVID-19 » a dit la Dre Katherine Muldoon, auteure principale de l’étude et professeure adjointe à l’Université d’Ottawa, principale associée de recherche à L’Hôpital d’Ottawa, et chercheuse collaboratrice à l’ICES. « Contre toute attente, nous avons constaté une hausse marquée du nombre de visites à l’Urgence pour agression sexuelle au cours des deux mois précédant la pandémie, potentiellement à cause d’un stress accru au sein de la société. Nous avons remarqué une forte diminution immédiatement après mars 2020, et des fluctuations à chaque nouvelle vague ».

L’étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, a utilisé des données de gestion sur la santé pour suivre les courbes annuelles des visites à l’Urgence pour agression sexuelle en Ontario, au Canada, entre le 11 janvier 2019 et le 10 septembre 2021. Durant cette période, 10 523 cas d’agression sexuelle ont été recensés, dont 88 % concernaient des femmes.

Les données ont montré ce qui suit :

  • Le nombre de visites à l’Urgence pour agression sexuelle a augmenté de 20 à 25 % juste avant les mesures de confinement, sans distinction de sexe, de groupe d’âge, de taille de la collectivité et de niveau de revenu.
  • Après le premier confinement, le nombre de cas a diminué de 50 à 60 % pour se situer en deçà des niveaux habituels durant les quatre vagues suivantes de la COVID-19.
  • Une courbe saisonnière du nombre accru de visites à l’Urgence s’est dessinée pendant les mois d’été, ce qui a coïncidé avec une diminution du nombre de cas de COVID-19 et un relâchement des restrictions liées à la pandémie.

Dre Kari Sampsel« Le but des soins tenant compte des traumatismes et des violences est de minimiser les effets néfastes, tout en offrant les meilleurs soins possible aux victimes d’agression sexuelle » -  Dre Kari SampselQui plus est, les visites à l’Urgence ne représentent qu’une portion des agressions sexuelles survenant au sein de la population générale, étant donné que des victimes pourraient ne pas du tout solliciter de l’aide, demander de l’aide auprès de services communautaires ou d’autres milieux non hospitaliers. L’absence de blessures visibles pourrait aussi dissuader des victimes de se rendre à l’Urgence, bien que l’Urgence puisse aider des victimes de toutes formes de violence fondée sur le sexe à recevoir les soins spécialisés dont elles ont besoin.

Ces conclusions indiquent que les crises sanitaires ont des répercussions sur la manière dont les victimes ont accès aux soins urgents, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme sur le plan clinique, social et juridique. Les cliniques spécialisées et celles qui offrent des soins tenant compte des traumatismes sont le meilleur moyen de convaincre les victimes de se rendre à l’Urgence à la suite d’une agression sexuelle, selon les lignes directrices thérapeutiques du Réseau ontarien des centres de traitement en cas d’agression sexuelle ou de violence familiale, mais de nombreux hôpitaux n’en disposent pas. Cela augmente aussi les facteurs de stress pour les urgences qui éprouvent déjà des difficultés dans leur rôle de filet de sécurité du système de santé.

« Les victimes de violence sexuelle ont besoin de divers soutiens sur le plan médical et psychosocial et de moyens de protection pour les aider à se reconstruire après de telles expériences », a déclaré Heidi Illingworth, directrice exécutive des Services aux victimes d’Ottawa, un organisme communautaire qui offre un soutien moral, des recommandations et de l’aide aux personnes victimisées. « Dans certains cas, il est particulièrement important d’avoir accès à des soins urgents. Il faut améliorer l’éducation du public et déployer plus d’efforts sur le terrain durant des restrictions ou des perturbations des services hospitaliers pour éviter que les victimes ne connaissent une issue négative. Le fait de mettre les victimes en contact avec des services aux victimes constitue un précieux soutien en vue de leur guérison et de leur rétablissement ».

« Le but des soins tenant compte des traumatismes et des violences est de minimiser les effets néfastes, tout en offrant les meilleurs soins possible aux victimes d’agression sexuelle », a déclaré la Dre Kari Sampsel, urgentologue, directrice médicale du Programme de soins aux victimes d’agression sexuelle ou d’abus par un partenaire de L’Hôpital d’Ottawa et professeure adjointe à l’Université d’Ottawa. « Cette approche devrait être adoptée lors de l’élaboration de politiques sur la santé, en particulier durant des situations d’urgence ou des perturbations des services ».

L’étude intitulée « Population-level trends in emergency department encounters for sexual assault preceding and during the COVID-19 pandemic across Ontario, Canada » est parue dans le numéro du 29 décembre 2022 de la revue JAMA Network Open.

Auteurs : Muldoon KA; Talarico R, Fell DB, Illingworth H, Sampsel K et Manuel DG.

Si vous ou un être cher avez été victime de violence à caractère sexuel, des ressources sont à votre disposition. Pour trouver un centre d’aide aux victimes d’agression sexuelle près de chez vous, consultez cette liste de centres en Ontario.

Le Programme de soins aux victimes d’agression sexuelle ou d’abus par un partenaire assure une permanence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à l’Urgence du Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa, pour les patients victimes de violence fondée sur la violence, et les aide à recevoir les soins spécialisés dont ils ont besoin.

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