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L’injection de médicaments par intraveineuse peut bien souvent rétablir le rythme cardiaque normal sans sédation ni décharge électrique

Le tout premier essai clinique visant à comparer deux types de cardioversions rapides en cas de fibrillation auriculaire aiguë fait l’objet d’un article dans The Lancet

le 30 janvier 2020

le Dr Ian Stiell« Ces techniques nous permettent de rétablir rapidement le rythme cardiaque du patient et de lui donner son congé de l’urgence de quatre à six heures plus tard », explique le DIan Stiell, auteur principal de l’essai, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur éminent à l’Université d’Ottawa.Les résultats d’un essai clinique, publiés dans la revue The Lancet, montrent que deux techniques permettant de rétablir rapidement le rythme cardiaque normal d’un patient en fibrillation auriculaire aiguë dans une urgence sont tout aussi sécuritaires et efficaces.

Le vaste essai à répartition aléatoire portait sur une intervention médicale, la cardioversion, qui vise à rétablir rapidement le rythme cardiaque normal par l’administration de légères décharges électriques ou de médicaments à action rapide par intraveineuse.

« Ces techniques nous permettent de rétablir rapidement le rythme cardiaque du patient et de lui donner son congé de l’urgence de quatre à six heures plus tard », explique le DIan Stiell, auteur principal de l’essai, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur éminent à l’Université d’Ottawa.

La fibrillation auriculaire aiguë est le battement irrégulier et rapide du cœur. Il faut la traiter en moins de 48 heures pour éviter des complications comme l’AVC et l’insuffisance cardiaque. L’équipe responsable de l’essai estime que ce trouble cause 430 000 visites aux urgences chaque année au Canada et aux États-Unis.

Les chercheurs ont recruté 396 patients ayant subi une fibrillation auriculaire aiguë dans 11 urgences canadiennes. Ils les ont répartis de façon aléatoire dans l’un des deux groupes de cardioversion, qui est le traitement utilisé couramment dans ce pays.

Les patients du premier groupe ont reçu seulement la cardioversion électrique. Ils ont dû recevoir au préalable un sédatif pour ne pas sentir les décharges électriques.

Ceux du second groupe ont reçu un médicament appelé procaïnamide par intraveineuse. Si le médicament ne rétablissait pas le rythme cardiaque normal en moins de 30 minutes, ils recevaient ensuite une cardioversion électrique.

Dans le groupe traité par cardioversion électrique seulement (192 patients) :

  • 92 % ont retrouvé un rythme cardiaque normal (176)
  • 95 % ont reçu leur congé de l’urgence (183).

Dans le groupe traité par cardioversion chimique et électrique (204 patients) :

  • 96 % ont retrouvé un rythme cardiaque normal (196)
  • 97 % ont reçu leur congé de l’urgence (198)
  • 52 % ont retrouvé un rythme cardiaque normal par cardioversion chimique seulement (106).

Les deux types de cardioversions ont donc été aussi efficaces pour rétablir le rythme cardiaque normal et permettre au patient de retourner à son domicile le même jour. La cardioversion électrique a cependant été plus efficace que la cardioversion chimique chez les patients qui n’avaient jamais fait de fibrillation auriculaire et ceux qui avaient moins de 70 ans.

Les deux techniques ont été aussi sécuritaires. Aucun patient n’a éprouvé d’effet secondaire grave. Deux semaines après le traitement, aucun patient n’avait subi d’AVC, 95 % présentaient toujours un rythme cardiaque normal, 11 % étaient retournés à l’Urgence en raison d’une autre fibrillation auriculaire, 3 % avaient reçu une autre cardioversion et 2 % avaient été admis à l’hôpital.

Les chercheurs ont constaté avec intérêt que plus de la moitié des patients ayant reçu la cardioversion chimique n’ont pas eu besoin de décharge électrique pour retrouver un rythme cardiaque normal. Ils recommandent donc aux médecins d’essayer la cardioversion chimique en premier pour éviter une sédation inutile.

« Faire une perfusion de médicaments à un patient me permet de voir d’autres patients en même temps », précise le DJeffrey Perry, coauteur de l’essai, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « Pour faire une cardioversion électrique, j’ai besoin d’un autre médecin, d’une infirmière et d’un thérapeute respiratoire. Assembler cette équipe prend du temps. »

Les chercheurs ont remarqué que les patients avaient souvent une forte préférence pour l’une des deux techniques de cardioversion, surtout s’ils en avaient besoin régulièrement.

« Recourir à une perfusion de médicaments avant toute décharge électrique comporte des avantages selon nous, mais c’est le patient et le médecin qui doivent choisir ensemble le traitement », ajoute le DPerry.

La cardioversion, qui est courante au Canada, n’est pas aussi bien connue dans d’autres régions du monde.

« Dans certains pays, les patients qui font une fibrillation auriculaire aiguë retournent chez eux avec des comprimés qui ralentissent le rythme cardiaque. Dans d’autres, ils sont admis à l’hôpital, poursuit le DStiell. Notre essai montre que la cardioversion administrée à l’urgence est sécuritaire et efficace. Nous espérons que les résultats convaincront davantage de médecins d’adopter ces techniques partout dans le monde. »

« Compte tenu du fort achalandage dans les urgences, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) sont fiers de soutenir cette recherche de grande qualité qui permet d’améliorer la prise de décisions cliniques éclairées par des données probantes au sujet des soins aux patients en fibrillation auriculaire », affirme le Dr Brian Rowe, coauteur de l’essai, directeur scientifique de l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire des IRSC et professeur de médecine d’urgence à l’Université de l’Alberta.

Référence : Electrical Versus Pharmacological Cardioversion for Emergency Department Patients With Acute Atrial Fibrillation (RAFF2): A Partial Factorial Randomised Trial. Ian Stiell, Marco Sivilotti, Monica Taljaard, David Birnie, Alain Vadeboncoeur, Corinne Hohl, Andrew McRae, Brian Rowe, Robert Brison, Venkatesh Thiruganasambandamoorthy, Laurant Macle, Bjug Borgundvaag, Judy Morris, Eric Mercier, Catherine Clement, Jennifer Brinkhurst, Connor Sheehan, Erica Brown, Marie-Joe Nemnom, George Wells, Jeffrey Perry. The Lancet, 30 janvier 2020.

Ressources principales : Centre de méthodologie d’Ottawa

Financement : L’essai a reçu l’appui des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada. La recherche à L’Hôpital d’Ottawa est rendue possible grâce aux généreux dons de la collectivité à Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.

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Personne ressource pour les médias

Amelia Buchanan
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