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Un médicament réduit considérablement le risque de caillots de sang dangereux chez des patients atteints du cancer

Une stratégie pourrait prévenir la formation de caillots de sang chez plus de 50 000 patients atteints du cancer chaque année aux États-Unis et au Canada

le 4 décembre 2018

 Le cancer augmente le risque de caillots de sang dans les jambes et les poumons.Un essai clinique dirigé au Canada et publié dans le New England Journal of Medicine fournit la première approche pour prévenir de façon sécuritaire la formation de caillots de sang (appelée thromboembolie veineuse) chez des personnes atteintes du cancer. Environ la moitié des personnes qui viennent de recevoir un diagnostic de tumeur solide pourrait tirer parti de la stratégie, qui comprend une faible dose d’apixaban, un anticoagulant administré par voie orale.

« Le cancer augmente le risque de caillots de sang, qui peuvent causer de la douleur, réduire la qualité de vie et augmenter le risque de décès », explique le Dr Philip Wells, auteur principal, hématologue, scientifique principal et chef de la Médecine à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Notre essai montre pour la première fois que nous pouvons prévenir de façon sécuritaire ces caillots de sang chez bien des personnes atteintes du cancer. »

Un volet clé de l’essai consistait à repérer les patients qui courent un risque accru d’avoir des caillots de sang. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé le score de Khorana, qui est basé sur les résultats d’analyses de sang et d’autres facteurs cliniques. Ils ont découvert qu’environ la moitié de toutes les personnes qui entament une chimiothérapie était dans le groupe à risque élevé. Ils ont recruté 563 de ces patients dans 13 centres au Canada et les ont répartis de façon aléatoire, soit pour recevoir de l’apixaban (2,5 mg deux fois par jour pendant six mois), soit pour recevoir un placebo.

Des 275 patients ayant pris un placebo, 28 ont eu des caillots de sang en moins de six mois (10,2 %), contre 12 des 288 ayant pris de l’apixaban (4,2 %). « Notre essai montre pour la première fois que nous pouvons prévenir de façon sécuritaire ces caillots de sang chez bien des personnes atteintes du cancer », explique le Dr Philip Wells. Les chercheurs ont aussi examiné les effets secondaires des hémorragies parce qu’ils font augmenter l’utilisation d’anticoagulants. Trois patients ayant pris un placebo ont eu une hémorragie grave (1 %) par comparaison à six parmi ceux ayant pris de l’apixaban (2,1 %). Toutes les hémorragies étaient toutefois traitables.

« Les professionnels de la santé prescrivent couramment des anticoagulants pour prévenir la formation de caillots sanguins chez les personnes qui courent un risque élevé d’en avoir, même si la plupart reconnaissent que cela cause trop d’hémorragies aux personnes atteintes du cancer », affirme le Dr Marc Carrier, auteur principal, hématologue, scientifique principal et professeur agrégé à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Notre essai montre que si on administre par voie orale une dose relativement faible d’anticoagulants aux bons patients, les avantages surpassent facilement les risques. »

Environ 1,9 million de personnes* reçoivent un diagnostic de cancer chaque année au Canada et aux États-Unis. Les chercheurs estiment qu’environ la moitié d’entre elles, soit 950 000 personnes, pourrait tirer parti de la stratégie de prévention des caillots de sang mise à l’essai. Cette stratégie permettrait de prévenir les caillots chez 6 % d’entre elles, soit 57 000 personnes, en plus d’apporter des économies, car traiter des caillots sanguins peut être très dispendieux.

Ces recherches revêtent une signification toute particulière pour Harold Black, 76 ans. En septembre 2018, un caillot de sang associé au cancer s’est formé dans ses poumons, provoquant une embolie pulmonaire. Ce caillot de grande taille a nécessité deux jours de traitement et de suivi à l’Hôpital d’Ottawa pour le patient, qui a dû par la suite recevoir des injections quotidiennes d’héparine dans l’abdomen.

«?J’ai le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance, parce qu’on m’a dit que le premier symptôme de l’embolie pulmonaire est souvent la mort?», dit-il. «?Si ces recherches peuvent empêcher la formation de caillots de sang chez les patients comme moi, cela représentera un progrès important pour beaucoup « Si on administre par voie orale une dose relativement faible d’anticoagulants aux bons patients, les avantages surpassent facilement les risques », affirme le Dr Marc Carrier. de gens.?»

Le Programme de thrombose (traitement et prévention des caillots de sang) de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa est celui le plus vaste et le plus axé sur la recherche au monde. Les chercheurs du Programme ont publié quatre articles dans le New England Journal of Medicine depuis 2015. Leurs recherches transforment des vies à Ottawa et partout dans le monde.

« Je remercie les excellents médecins, infirmières, coordonnateurs de recherche et autres membres de l’équipe du programme de thrombose, précise le Dr Wells. Je remercie toutefois avant tout les patients qui participent à nos recherches et nous aident ainsi à améliorer les soins pour tout le monde. »

L’essai était financé par l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et les Instituts de recherche en santé du Canada (principal subventionnaire). L’Alliance BMS-Pfizer a aussi fourni des fonds, mais n’a joué aucun rôle dans la conception de l’essai ni l’analyse des résultats. L’essai a aussi reçu le soutien du réseau de recherche CanVECTOR et du Centre de méthodologie d’Ottawa. Il est possible de réaliser de la recherche à L’Hôpital d’Ottawa grâce aux généreux dons faits à la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.

*American Association for Cancer Research (https://www.cancer.org/research/cancer-facts-statistics/all-cancer-facts-figures/cancer-facts-figures-2018.html) + 10 % au Canada

Reference : « Apixaban to Prevent Venous Thromboembolism in Patients with Cancer » Marc Carrier, Karim Abou-Nassar, Ranjeeta Mallick, Vicky Tagalakis, Sudeep Shivakumar, Ariah Schattner, Philip Kuruvilla, Danny Hill, Silvana Spadafora, Katerine Marquis, Mateya Trinkaus, Anna Tomiak, Agnes Y.Y. Lee, Peter L. Gross, Alejandro Lazo-Langner, Robert El-Maraghi, Glenwood Goss, Gregoire Le Gal, David Stewart, Timothy Ramsay, Marc Rodger, Debra Witham, Philip S. Wells, for the AVERT Investigators. New England Journal of Medicine. Le 4 decembre 2018. DOI: 10.1056/NEJMoa 1814468.  https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1814468
https://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT02048865

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