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Et si l’anémie des maladies chroniques était une bonne chose? Des chercheurs mettent en doute les hypothèses et se questionnent à propos des pressions sans cesse croissantes en faveur de son traitement


le 11 août 2008

Un article analytique publié dans le Journal de l’Association médicale canadienne exprime l’hypothèse que l’anémie des maladies chroniques pourrait être une réaction d’adaptation bénéfique à une maladie sous-jacente plutôt qu’un effet négatif de cette maladie. Les efforts déployés pour la traiter pourraient donc faire plus de mal que de bien.

L’anémie des maladies chroniques est courante chez les patients qui souffrent de problèmes comme le cancer, l’insuffisance cardiaque, l’insuffisance rénale et une infection. Les patients touchés ont peu de globules rouges et, par conséquent, peu d’hémoglobine – même si leur taux de fer est normal.

« Nous supposons depuis long temps que l’anémie des maladies chroniques est néfaste pour les patients, car ceux qui en souffrent tendent à s’en tirer moins bien, indique l’auteur de l’article, le Dr Ryan Zarychanski. Nous avançons l’hypothèse que l’anémie fait en réalité partie des efforts déployés par le corps humain pour se guérir lui-même. Il serait donc logique de s’attendre à l’observer chez les patients les plus malades. Si nous corrigeons la situation par des transfusions de sang ou des médicaments, nous annulons la réaction d’adaptation bénéfique de notre propre corps. En empêchant une personne malade de faire un peu d’anémie, ce serait comme empêcher une personne qui a froid de frissonner ou une personne qui a chaud de transpirer. Ce sont des réactions nécessaires pour s’adapter à un stress dans notre environnement. »

Le Dr Zarychanski est médecin en soins critiques et hématologue affilié à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, à l’Université d’Ottawa, à L’Hôpital d’Ottawa et à Action Cancer Manitoba. Le coauteur de l’article, le Dr Donald Houston, est hématologue et professeur agrégé affilié à l’Université du Manitoba et à Action Cancer Manitoba.

Dans l’article, les auteurs examinent également de précédentes études qui permettent de penser que le niveau d’anémie observé chez une personne atteinte d’une maladie chronique n’est probablement pas assez faible pour avoir une incidence sur l’acheminement de l’oxygène vers les tissus et qu’il peut en fait prévenir la croissance de bactéries et de cellules cancéreuses et améliorer la circulation sanguine. Ils se penchent aussi sur une série d’essais cliniques randomisés qui montrent que le traitement de l’anémie à l’aide de médicaments ou de transfusions de sang est associé à un risque accru de décès.

« Nous croyons avoir assez de données probantes pour recommander publiquement une certaine limite au traitement de l’anémie légère à modérée dans le cas d’une maladie chronique, ajoute le Dr Zarychanski. Nous estimons également qu’il est nécessaire de poursuivre les recherches dans ce domaine. Nous espérons stimuler les efforts en ce sens en soulevant les présentes questions. »

Renseignements sur l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa
L’Institut de recherche en santé d’Ottawa (IRHO) est l’établissement de recherche de L’Hôpital d’Ottawa. Il est également affilié à l’Université d’Ottawa et entretient des liens étroits avec ses facultés de médecine et des sciences de la santé. L’IRHO regroupe plus de 1 300 scientifiques, chercheurs cliniciens, étudiants diplômés, boursiers postdoctoraux et employés de soutien qui se consacrent à la recherche pour améliorer la compréhension, la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies. Pour en savoir plus, visitez le site www.irso.ca.

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