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L’équipe du Dr Paul Albert cherche à découvrir de quelle façon une mutation génétique commune pourrait mener à la dépression


le 28 février 2006


Environ 16 % des membres de la population vont souffrir d’une dépression majeure au cours de leur vie. Certaines personnes sont cependant davantage prédisposées à en souffrir que d’autres, d’après les travaux de l’équipe de chercheurs en neurosciences menée par le Dr Paul Albert. Ces chercheurs ont découvert que les personnes porteuses d’une mutation dans le gène récepteur de la sérotonine étaient deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression, quatre fois plus susceptibles de se suicider et moins susceptibles de réagir aux antidépresseurs habituellement utilisés. Leurs plus récents travaux, publiés dans le numéro de février du Journal of Neuroscience, en exposent les raisons, en plus de donner des précisions sur la façon dont un cerveau sain fonctionne.

« La dépression est souvent associée à une baisse du taux de sérotonine – un neurotransmetteur – ou à une diminution du nombre de récepteurs de la sérotonine », précise le Dr Albert. Normalement, les cellules qui libèrent ce neurotransmetteur tendent à présenter une plus faible activité au niveau du gène récepteur de la sérotonine que les cellules qui captent ce neurotransmetteur. La mutation découverte par le Dr Albert inverse cette relation. Il y a ainsi une plus grande activité au niveau du gène récepteur de la sérotonine dans les cellules qui libèrent ce neurotransmetteur que dans les cellules qui le captent, ce qui accroît les risques de souffrir d’une dépression.

« Nous avons découvert qu’un seul facteur, appelé Deaf-1, contrôle la régulation de l’activité dans le gène de ces cellules. Comme le Deaf-1 ne peut cependant pas se lier au gène mutant, l’activité au niveau du gène récepteur de la sérotonine est inversée dans les deux types de cellules », ajoute le Dr Albert.

La découverte constitue un événement marquant dans le domaine de la recherche sur la dépression et des neurosciences en général. Elle pourra d’ailleurs mener à la mise au point de nouvelles méthodes de dépistage et de traitement de la dépression.

Le Dr Albert est scientifique principal pour le programme de recherche en neurosciences de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. Ce projet a été financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).