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Une protéine tueuse de bactéries pourrait mener à de nouveaux traitements contre le diabète


le 24 février 2016

Une étude menée à Ottawa ouvre des horizons de recherche insoupçonnés


Pourquoi une protéine qui tue des bactéries serait-elle présente dans une partie du corps qui n’est pas normalement exposée aux bactéries, comme le pancréas? La question a longtemps laissé perplexes des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa, jusqu’à ce qu’ils découvrent que la protéine en question jouait un rôle complètement inattendu : elle aidait le pancréas à se régénérer et à produire de l’insuline. La découverte révolutionnaire, publiée récemment dans la revue Diabetes, pourrait mener à de nouveaux traitements pour la maladie dévastatrice qu’est le diabète1.

Plus de 400 millions de personnes dans le monde ont le diabète, une maladie qui survient lorsque le corps n’arrive pas à contrôler le taux de sucre dans le sang. Normalement, l’insuline que produit le pancréas contrôle étroitement le taux de sucre dans le sang, mais chez les personnes atteintes du diabète, elle est insuffisante ou inefficace. Même en s’injectant de l’insuline, ces personnes ont beaucoup de problèmes de santé, dont l’endommagement d’organes et une courte espérance de vie.

Fraser Scott, Ph.D., et son équipe étudient le diabète de type 1, qui survient lorsque le système immunitaire, censé protéger le corps contre des microbes dangereux, attaque par erreur et détruit les cellules du pancréas qui produisent de l’insuline. La cause exacte de ce problème demeure inconnue, mais on croit que la génétique, l’alimentation, les bactéries et les virus y sont pour quelque chose.

Une étude antérieure menée par le chercheur indiquait qu’une protéine qui tue des bactéries, le peptide antimicrobien appelé cathélicidine, pourrait aussi jouer un rôle dans le diabète de type 1, sans toutefois identifier lequel.

« Nous cherchions cette protéine tueuse de bactéries dans différentes parties du corps, et comme prévu, nous en avons trouvé en grande quantité dans les tissus des intestins, qui sont exposés aux bactéries », explique Fraser Scott, scientifique principal à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « Mais nous en avons aussi trouvé dans le pancréas, ce qui est renversant puisque normalement, le pancréas n’est pas exposé aux bactéries. »

Les chercheurs ont donc poussé leurs expériences plus loin pour tenter de déterminer ce que faisait cette protéine dans le pancréas et si elle avait un lien avec le diabète. Ils ont découvert que chez le rat, la souris et l’humain, la protéine est produite par les mêmes cellules du pancréas qui produisent de l’insuline. Ils ont également traité des cellules du pancréas en laboratoire avec cette protéine et ont vu ils ont constaté que le pancréas se régénérait plus rapidement et qu’il y avait plus de bactéries bénéfiques dans les intestins. De plus, l’expression génétique de la protéine était inférieure chez ces rats que chez des rats normaux, ce qui laisse présager d’éventuels nouveaux traitements.

« Nous sommes bien intrigués par le rôle que cette protéine semble jouer dans le fonctionnement et la régénération du pancréas et par ses liens possibles avec les bactéries intestinales liées au diabète, affirme Fraser Scott. Nous sommes encore loin de connaître toutes les réponses, mais ce que nous avons découvert nous ouvre des pistes vers de nouveaux traitements pour le diabète de type 1 et 2. »

1 www.diabetesatlas.org

Commanditaires : Les Instituts de recherche en santé du Canada, le ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario, La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa et Cure Diabetes, organisme de bienfaisance d’Ottawa.

Référence complète : Cathelicidin Antimicrobial Peptide: A Novel Regulator of Islet Function, Islet Regeneration, and Selected Gut Bacteria. Pound LD, Patrick C, Eberhard CE, Mottawea W, Wang GS, Abujamel T, Vandenbeek R, Stintzi A, Scott FW. Diabetes. 2015 Dec;64(12):4135-47. doi: 10.2337/db15-0788.

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