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Des prises de sang chez les femmes enceintes pourraient prédire les risques d’avoir un bébé dangereusement petit


le 21 juin 2012

Des chercheurs de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (IRHO) et de l’Université d’Ottawa ont découvert une protéine présente dans le sang des femmes enceintes qui permettrait de prédire si le fœtus risque ou non d’avoir une croissance inadéquate. Un poids très inférieur à la normale à la naissance est un phénomène lié à des risques élevés de mortinaissance et de complications à long terme. La recherche, dirigée par la Dre Andrée Gruslin, pourrait mener à la création d’une analyse sanguine largement accessible et à l’élaboration de nouvelles manières d’améliorer les résultats chez les femmes et les enfants à risque, qui représentent jusqu’à une grossesse sur 20.

L’étude de la Dre Gruslin, publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, est axée sur une protéine connue sous le nom de « protéine de liaison des facteurs de type insuline 4 » (IGFBP-4). Bien que cette protéine ait déjà été liée à la grossesse, c’est la première fois qu’une étude confirme son rôle important dans les complications de la grossesse chez l’humain. Un volet clé de la recherche a consisté à examiner le taux d’IGFBP-4 dans des échantillons de sang du premier trimestre de femmes faisant partie de cohortes à Ottawa et à Kingston participant à une importante étude sur les grossesses et les nouveau-nés.

La Dre Gruslin a découvert que les femmes ayant un taux élevé d’IGFBP-4 avaient des risques 22 fois plus élevés de donner naissance à des bébés plumes (ceux qui se trouvent dans les 5 % des bébés les plus légers compte tenu de leur âge gestationnel) que les femmes dont le taux d’IGFBP-4 est normal. Ce volet de l’étude a été mené auprès de 72 femmes, dont la moitié avait des bébés plumes et la moitié avait des bébés de poids normal.

« Ce n’est généralement que plus tard dans la grossesse que nous pouvons savoir qu’un fœtus ne croît pas normalement, mais grâce à cette analyse, nous parviendrons à connaître les risques de problème au cours du premier trimestre » explique la Dre Gruslin, scientifique à l’IRHO, obstétricienne à l’Hôpital d’Ottawa et professeure à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. « En cernant plus tôt ces grossesses à risque, nous parviendrons à surveiller étroitement les femmes concernées et, avec un peu de chance, à leur permettre de donner naissance à un bébé en santé. »

L’analyse sanguine IGFBP-4 en est encore à son stade expérimental, mais la Dre Gruslin espère qu’une version améliorée pourra être conçue et offerte aux femmes enceintes au cours des quelques prochaines années. Elle espère également que les études qu’elle a menées sur l’IGFBP-4 donneront lieu à de nouvelles approches susceptibles d’améliorer la croissance du fœtus dans les cas de grossesses à risque. On estime effectivement que la restriction de la croissance fœtale touche entre 3 et 5 % de toutes les grossesses; elle serait également responsable de près de la moitié des cas de mortinaissance. De plus, les enfants qui naissent avec cette maladie présentent des risques accrus de complications graves pendant leur enfance, ainsi que de maladies chroniques comme l’hypertension et le diabète à l’âge adulte.

On pense que la restriction de la croissance fœtale est un problème qui survient quand le placenta, responsable de l’alimentation et de l’apport en oxygène du fœtus, ne croît pas adéquatement. La recherche menée par la Dre Gruslin et ses collègues semble indiquer que la protéine IGFBP-4 nuit au fonctionnement d’une hormone de croissance importante du placenta, l’IGF-II, entraînant ainsi un développement défaillant du placenta et du fœtus. La Dre Gruslin et son équipe essayent déjà diverses stratégies ciblant IGFBP-4 dans le but d’améliorer la croissance du placenta et du fœtus.

L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et le programme national chinois de recherche fondamentale, et menée par des chercheurs de l’IRHO, de l’Université d’Ottawa, de l’Académie chinoise des sciences et du troisième hôpital de l’Université de médecine du Hebei, en Chine. Elle a été publiée sous le titre « Significance of IGFBP-4 in the development of fetal growth restriction » par les auteurs Qing Qiu, Mike Bell, Hongmei Wang, Xiaoyin Ly, Xiaojuan Yan, Marc Rodger, Mark Walker, Shi-Wu Wen, Shannon Bainbridge et Andrée Gruslin.

Au sujet de l’Institut de recherche de L’Hôpital d’Ottawa
L’IRHO est l’établissement de recherche de L’Hôpital d’Ottawa affilié à l’Université d’Ottawa. Il entretient des liens étroits avec les facultés de médecine et des sciences de la santé de l’Université. L’IRHO regroupe plus de 1 500 scientifiques, chercheurs cliniciens, étudiants diplômés, boursiers postdoctoraux et employés de soutien qui se consacrent à la recherche pour améliorer la compréhension, la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies. La recherche menée à l’IRHO est financée par la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa. www.irho.ca.

Renseignements
Jennifer Ganton
Directrice, Communications et relations publiques
Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa
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