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Un baiser qui fait dormir : comment des cellules cancéreuses déjouent les cellules tueuses naturelles du système immunitaire


le 13 avril 2022

Une cellule tueuse naturelle (voir les flèches) devient verte après avoir volé un morceau d’une cellule cancéreuse verte. Les cellules cancéreuses détournent ce processus pour endormir les tueuses naturelles et échapper au système immunitaire. (Hasim et coll., Sci. Adv., 8, eabj3286, 2022). Ce travail fait l’objet d’une licence CC BY. (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/)Des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa ont découvert que la trogocytose – un processus qui ressemble à un baiser entre deux cellules – joue un rôle clé dans la bataille entre le système immunitaire et les cellules de cancer du sang.

La trogocytose et un mécanisme où les cellules immunitaires, dont les cellules tueuses naturelles, entrent en contact avec une autre cellule et lui volent une partie de sa membrane. Le scientifique Michele Ardolino et son équipe ont découvert que pendant ce processus, la protéine PD-1 de la cellule de cancer du sang s’invite chez la cellule tueuse naturelle, ce qui met cette dernière en dormance, freinant ainsi son activité anticancéreuse.

« Nous savions déjà que les cellules tueuses naturelles sont exceptionnellement efficaces pour tuer les cellules cancéreuses et que la PD-1 les empêche de fonctionner correctement », explique M. Ardolino, Ph.D., scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur adjoint à l’Université d’Ottawa. « Nous ne savions toutefois pas comment les tueuses naturelles produisaient la PD-1, ce qui a été étonnamment difficile à découvrir. Nous comprenons maintenant pourquoi : les tueuses naturelles ne produisent pas la PD-1. Elles la volent plutôt aux cellules cancéreuses! Nous ne savons pas exactement pourquoi elles prennent une partie de la membrane des cellules cancéreuses, mais il semble clair que les tumeurs détournent ainsi le processus pour inhiber les tueuses naturelles et échapper au système immunitaire. »Michele Ardolino « Nous ne savons pas exactement pourquoi elles prennent une partie de la membrane des cellules cancéreuses, mais il semble clair que les tumeurs détournent ainsi le processus pour inhiber les tueuses naturelles et échapper au système immunitaire. » -Michele Ardolino 

Heureusement, un médicament qui bloque la PD-1, appelé inhibiteur de PD-1 ou inhibiteurs de point de contrôle immunitaire, est désormais couramment utilisé pour « réveiller » le système immunitaire et l’aider à combattre les cellules cancéreuses. Ce médicament a considérablement amélioré le pronostic de survie des personnes atteintes de certains types de cancer de la peau, du sang et du poumon, entre autres.

Les inhibiteurs de PD-1 ont été mis au point initialement pour réveiller les lymphocytes T du système immunitaire. Les résultats de la recherche de M. Ardolino, publiés dans la revue Science Advances, ont permis de percer le mystère concernant la relation entre les inhibiteurs de PD-1 et les tueuses naturelles. Mieux comprendre comment ces médicaments agissent sur différents types de cellules immunitaires pourrait donner lieu à la conception de nouvelles immunothérapies contre le cancer.

M. Ardolino a pu réaliser cette recherche grâce à sa vaste équipe de stagiaires, de boursiers postdoctoraux et de personnel de recherche.

« Il y a une solide collaboration en recherche à L’Hôpital d’Ottawa, ce qui a été déterminant dans la réussite de ce projet, estime M. Ardolino. Nous sommes très chanceux de collaborer avec des médecins investis dans la recherche pour faire progresser le traitement des patients comme la Dre Arleigh McCurdy, ainsi qu’avec des scientifiques fondamentalistes du Programme thérapeutique anticancéreuse comme Doug Gray, Ph.D. – qui est un as de la microscopie! »

Les auteurs Mohamed S. Hasim et Marie MarotelAuteurs: Mohamed S. Hasim*, Marie Marotel*, Jonathan J. Hodgins, Elisabetta Vulpis, Olivia J. Makinson, Sara Asif, Han-Yun Shih, Amit K. Scheer, Olivia MacMillan, Felipe G. Alonso, Kelly P. Burke, David P. Cook, Rui Li, Maria Teresa Petrucci, Angela Santoni, Padraic G. Fallon, Arlene H. Sharpe, Giuseppe Sciumè, Andre Veillette, Alessandra Zingoni, Douglas A. Gray, Arleigh McCurdy, Michele Ardolino. * contributed equally

Financement : Cette recherche a reçu le soutien des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation de lutte contre le cancer de la prostate, de Myélome Canada, des National Institutes of Health, de l’Université Sapienza, de la Science Foundation Ireland, d’AIRC, de la CAAIF et du gouvernement de l’Ontario. La recherche réalisée à L’Hôpital d’Ottawa est aussi rendue possible grâce aux généreux dons faits à la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.

Plateaux techniques: uOttawa Flow Core, OHRI Flow CoreACVS

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Renseignements
Jennifer Ganton
Directrice, Communications et relations publiques
Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa
613-614-5253
jganton@ohri.ca