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Un petit pas pour le traitement des cancers du sang, un pas de géant pour le traitement de tous les types de cancer

Le programme de recherche CLIC renforce la capacité du Canada d’innover en matière de thérapie par lymphocytes T à CAR avec le soutien de BioCanRx, de L’Hôpital d’Ottawa, de BC Cancer et de l’Institut ontarien de recherche sur le cancer.

le 25 février 2021

« Nous avons entrepris de développer l'infrastructure de recherche, pour mettre les résultats de nos travaux de recherche à la disposition des Canadiens », dit la Dre Natasha Kekre. « Les patients canadiens atteints de cancer ne devraient pas avoir à attendre que la recherche soit effectuée ailleurs. Ils devraient pouvoir participer à des essais cliniques innovants ici, chez eux. »L’essai clinique porte sur le traitement par immunothérapie de patients atteints d'un cancer du sang et de certaines formes de leucémie ou de lymphome pour lesquelles les autres traitements n'ont pas porté fruit. L’obtention de meilleurs résultats pourrait faire la différence entre la vie et la mort pour ces patients, d’où l'importance de l’essai.

Les retombées de l'essai clinique CLIC-01 (Canadian-Led Immunotherapies in Cancer) vont encore bien plus loin, déclare la Dre Natasha Kekre, chercheuse principale, hématologue et scientifique adjointe à L’Hôpital d’Ottawa et professeure adjointe à l’Université d’Ottawa. Il s’agit du premier essai qui utilise des lymphocytes T-CAR fabriqués au Canada. En cas de succès, cela signifie que d'autres innovations en matière de recherche seront mises à la disposition des patients canadiens.

Les lymphocytes T-CAR, ou cellules T modifiées par récepteur d'antigène chimérique sont beaucoup plus complexes que les médicaments et agissent en renforçant le système immunitaire de l'organisme pour mieux s’attaquer au cancer.

Les cellules sont fabriquées à partir des propres lymphocytes T du patient, qui sont un type de cellule du système immunitaire. Les lymphocytes T sont extraits du sang du patient, génétiquement modifiés en laboratoire pour être plus actifs, puis réinjectés au patient. Les cellules immunitaires ainsi  renforcées sont désormais plus aptes à détruire les cellules cancéreuses.

Les lymphocytes T-CAR se sont montrés très prometteurs pour le traitement des cancers qui n'ont pas répondu à d'autres traitements. À ce jour, deux thérapies à base de lymphocytes T-CAR sont approuvées au Canada. Elles ciblent certains types de lymphomes à lymphocytes B et de leucémies lymphoblastiques aiguës.

Mais, selon la Dre Kekre, les Canadiens ont un accès limité aux essais cliniques qui testent les nouvelles utilisations des lymphocytes T-CAR, car notre infrastructure nationale de fabrication des cellules est très restreinte. Voilà la principale raison d’être de cet essai, souligne-t-elle.

« Nous avons entrepris de développer l'infrastructure de recherche, pour mettre les résultats de nos travaux de recherche à la disposition des Canadiens », dit-elle. « Les patients canadiens atteints de cancer ne devraient pas avoir à attendre que la recherche soit effectuée ailleurs. Ils devraient pouvoir participer à des essais cliniques innovants ici, chez eux. »

Grâce à l’essai CLIC-01, le Canada peut fabriquer des lymphocytes T-CAR en utilisant les propres lymphocytes T des patients. Deux études antérieures, auxquelles la Dre Kekre a participé, ont haussé la capacité de fabrication des lymphocytes T-CAR puis examiné les répercussions cliniques, sociales et économiques de cette capacité accrue au Canada. L'objectif final du dernier projet consistait à concevoir un protocole d'essai clinique faisable, sûr et efficace; ce protocole est devenu depuis CLIC-01.

Spécialisée dans les domaines hautement techniques de la transplantation de cellules souches et de l'immunothérapie, la Dre Kekre est très bien placée pour diriger l’essai. Elle possède également une maîtrise en santé publique de l'Université Harvard, où elle s’est concentrée sur l'acquisition des compétences nécessaires à la réalisation d'essais cliniques bien conçus.

Le projet CLIC-01 est maintenant en cours. La première phase, à laquelle participent environ 20 patients, permettra de confirmer l’innocuité des lymphocytes T-CAR fabriqués au Canada. La deuxième phase, à laquelle participeront 40 autres patients, examinera ensuite leur efficacité pour le traitement de la leucémie et des lymphomes. À l’heure actuelle, les chercheurs recrutent des participants à L’Hôpital d’Ottawa et à Vancouver.

Et ensuite? Le potentiel est énorme. L'avenue la plus probable, selon la Dre Kekre, serait l’application de la thérapie T-CAR à d'autres formes de cancer, seule ou dans le cadre d'une thérapie combinée, pour empêcher les cellules cancéreuses de repousser l’attaque du système immunitaire tout en renforçant l'attaque immunitaire alimentée par les lymphocytes T-CAR.

Le projet CLIC-01 est d'une importance capitale pour les patients concernés. Mais il est également surveillé de près pour toutes les autres recherches qui pourront en découler au Canada, au profit des patients canadiens. Il s’agit effectivement d’un pas de géant dans le traitement du cancer.

Quelques mots sur le programme de recherche CLIC
Le programme de recherche CLIC, établi en 2016, réunit chercheurs, cliniciens et patients de l’ensemble du Canada afin de bâtir une expertise et une capacité canadienne qui nous permettra d’innover dans le domaine prometteur de l’immunothérapie cellulaire contre le cancer, y compris en thérapie par lymphocytes T à CAR. Le premier essai clinique (CLICL-01) a été lancé en 2019 à L’Hôpital d’Ottawa et à BC Cancer avec le soutien de BioCanRx, de BC Cancer, de la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa et de l’Institut ontarien de recherche sur le cancer. Les principales installations et ressources qui appuient le programme CLIC incluent le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa, le laboratoire d’immunothérapie familiale Conconi de BC Cancer, le Centre de méthodologie d’Ottawa et le Groupe de recherche translationnelle Blueprint. Les chercheurs mobilisés dans le programme CLIC incluent les Drs Natasha Kekre, Harold Atkins, Kevin Hay et Manoj Lalu, ainsi que les scientifiques John Bell, Rob Holt, Brad Nelson, John Webb, Kednapa Thavorn, Dean Fergusson et Justin Presseau.

Adapté d’un article rédigé par Heather Blumenthal et publié par BioCanRx