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Des chercheurs d’Ottawa spécialisés en réadaptation découvrent que la simulation d’un séjour dans l’espace entraîne l’accumulation de gras dans la moelle osseuse


le 12 novembre 2009

En tant que spécialiste au Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa, le Dr Guy Trudel a toujours cherché à aider les patients à se rétablir à la suite d’une blessure qui les oblige à rester longtemps immobiles. Quand il a eu l’occasion d’étudier un problème similaire dans le contexte unique du voyage dans l’espace, il a bien sûr saisi sa chance. Les résultats de ses travaux de recherche, publiés dans le Journal of Applied Physiology, semblent indiquer que la simulation d’un séjour dans l’espace peut accélérer l’accumulation de gras dans la moelle osseuse, ce qui pourrait modifier la production de cellules sanguines.

Ses travaux s’inscrivent dans le cadre d’une plus vaste étude, la Women International Space Simulation for Exploration (WISE) Study, qui est financée par des agences spatiales de différents pays, dont l’Agence spatiale canadienne, ainsi que par les Instituts de recherche en santé du Canada. Cette étude a eu lieu en France en 2005. Vingt-quatre femmes en bonne santé ont accepté de rester couchées dans un lit, la tête légèrement inclinée vers l’arrière, pendant 60 jours. Cette position simule certains effets de l’absence de gravité, y compris le déplacement des liquides corporels vers le haut du corps. Des scientifiques des quatre coins du monde ont soumis des projets de recherche. Celui du Dr Trudel, qui proposait d’étudier l’accumulation de gras dans la moelle osseuse, a été retenu.

Les résultats de ses travaux montrent que la quantité de gras dans la moelle osseuse des femmes a augmenté en moyenne de 9 % pendant la durée de l’étude. Il y avait toujours une quantité de gras assez importante un an après la fin de l’étude. Même s’ils n’ont inclus aucun groupe témoin non immobilisé dans l’étude, de précédentes recherches suggèrent que le taux d’accumulation de gras dans la moelle osseuse constaté pendant cette étude est 25 fois plus élevé que le taux normal. Si on envisage la situation d’un autre point de vue, on pourrait dire que l’immobilisation dans le lit pendant 60 jours a fait vieillir la moelle osseuse de ces femmes de quatre années. Ce changement s’est opéré malgré la diminution de la masse adipeuse globale pendant l’étude.

« Nos résultats permettent d’avancer qu’une longue immobilisation peut irréversiblement augmenter la quantité de gras dans la moelle osseuse », indique le Dr Trudel, qui est aussi chercheur clinicien à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et professeur à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. « Mon étude était de faible envergure, mais elle est très fascinante. Nous devons donc approfondir les recherches dans différents contextes, notamment dans l’espace, pour confirmer les résultats. »

Le Dr Trudel a également examiné les taux de différents éléments sanguins pendant l’étude, car c’est principalement dans la moelle osseuse que les nouvelles cellules sanguines sont produites. Il a découvert que la concentration de globules rouges avait augmenté pendant l’immobilisation. Elle était toutefois redescendue à un niveau normal un an plus tard. La concentration de globules blancs est demeurée stable pendant l’étude, mais elle a augmenté par la suite et est restée élevée pendant au moins un an.

« Une des explications plausibles est qu’un facteur présent dans la graisse de la moelle osseuse pourrait stimuler la production de cellules sanguines. Nous devons cependant faire des recherches plus poussées pour éclaircir ce point, ajoute le Dr Trudel. Nous espérons que nos découvertes nous aideront à mettre au point de meilleures stratégies pour aider les patients à se rétablir à la fois d’une longue immobilisation et d’un long séjour dans l’espace. »

« Il s’agit d’une étude intéressante et potentiellement très importante », a affirmé la Dre Jane Aubin, directrice scientifique de l’Institut de l’appareil locomoteur et de l’arthrite des Instituts de recherche en santé du Canada. « Bien que nous ne connaissions pas bien le mécanisme en cause, nous savons qu’il y a augmentation du gras dans la moelle osseuse dans le cas des maladies des os comme l’ostéoporose, et lorsqu’on a recours à des traitements qui réduisent la densité osseuse comme les thérapies prolongées par glucocorticoïdes. En augmentant nos connaissances sur le lien complexe entre la production des os, de la moelle osseuse et des cellules sanguines, les travaux du Dr Trudel pourraient nous aider à mettre au point de nouveaux moyens de traiter les maladies des os. »

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