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Les règles canadiennes visant à réduire les tomodensitométries inutiles s'avèrent exactes à 100 %

Ottawa, le 27 septembre 2005

Une nouvelle étude ouvre la voie à l'adoption à l'échelle mondiale des règles canadiennes de tomodensitométrie de la tête, soit une série de sept critères simples qui ont pour objet d'aider les médecins des salles d'urgence à déterminer si un patient avec une commotion cérébrale doit subir une tomodensitométrie coûteuse. L'étude, qui sera publiée demain dans la revue médicale Journal of the American Medical Association, révèle que ces règles permettent de déceler 100 % des traumatismes crâniens graves en réalisant un examen de tomodensitométrie chez seulement 52 % des patients ayant une commotion. L'adoption de ces règles pourrait réduire radicalement le besoin de recourir à la tomodensitométrie, ce qui permettrait de réaliser des économies et de diminuer l'engorgement dans les urgences, les temps d'attente ainsi que la radioexposition des patients.

Le Dr Ian Stiell, chef du Département d'urgentologie à l'Université d'Ottawa, a dirigé cette étude. Le Dr Stiell est également scientifique principal et titulaire de la Chaire de recherche en urgentologie à l'Institut de recherche en santé d'Ottawa (IRSO), et urgentologue au Département d'urgence de l'Hôpital d'Ottawa.

« En 2001, nous avons élaboré les règles canadiennes de tomodensitométrie de la tête en nous fondant sur les données figurant dans les dossiers de patients et nous avions prédit, à l'époque, que ces règles permettraient de réduire de près de moitié le nombre de tomodensitométries pour les traumatismes crâniens mineurs, a précisé le Dr Stiell. Mais c'est la première fois que nous avons effectivement mis ces règles à l'essai dans un cadre réel avec des centaines d'urgentologues. Nous avons constaté que ces règles sont tout aussi exactes, efficaces et faciles à appliquer que nous l'avions prévu. Maintenant, le défi consiste à faire en sorte que les médecins au Canada et partout dans le monde commencent à appliquer quotidiennement les règles canadiennes de tomodensitométrie de la tête. »

Neuf grands hôpitaux canadiens et 2 707 patients ont participé à l'étude. Ce projet de recherche est également le premier du genre à établir une comparaison directe entre les règles canadiennes de tomodensitométrie de la tête et les critères de la Nouvelle-Orléans (« New Orleans Criteria »), soit une série de règles similaires largement disséminées aux États-Unis. Alors que les deux séries de règles se sont révélées exactes à 100 %, les critères de la Nouvelle-Orléans exigent le recours à la tomodensitométrie chez un plus grand nombre de patients (88 % par rapport à 52 %).

Chaque année, les médecins des départements d'urgence au Canada et aux États-Unis traitent plus de huit millions de patients atteints de traumatismes crâniens. La grande majorité de ces blessures sont des commotions cérébrales mineures qui n'exigent aucun soin de suivi, mais environ un patient sur 200 présentera un caillot au cerveau constituant un danger de mort et pouvant exiger une intervention chirurgicale. L'utilisation de la tomodensitométrie, technique qui permet de déceler de tels caillots, a augmenté radicalement au cours des dix dernières années. Quatre-vingts pour cent des patients canadiens avec des commotions ont subi une tomodensitométrie en 2002, comparativement à seulement 30 % en 1997. Dans les départements d'urgence aux États-Unis, l'utilisation de la tomodensitométrie pour tous les types d'états pathologiques a plus que doublé, passant de 2,4 % en 1992 à 5,3 % en 2000.

Le coût d'une tomodensitométrie aux États-Unis se situe entre 500 $ et 800 $, et les estimations révèlent que même une réduction de 10 % du nombre de tomodensitométries pourrait entraîner des économies de 20 millions de dollars par année (en dollars américains). Au Canada, la valeur en dollars est plus difficile à calculer, mais ce qu'on sait cependant c'est que les patients qui ont subi une tomodensitométrie ont passé en moyenne 2,5 heures de plus dans un département d'urgence que les patients n'en ayant pas subi.

Le groupe de recherche du Dr Stiell a élaboré plusieurs autres règles de décision clinique, y compris les règles d'Ottawa concernant l'utilisation des radiographies en cas de blessures à la cheville, lesquelles ont été présentées dans un épisode de l'émission de télévision ER.

L'étude a été publiée dans le numéro du 28 septembre 2005 du Journal of the American Medical Association. Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Comité des services d'urgence du ministère de la Santé de l'Ontario.

Les règles canadiennes de tomodensitométrie de la tête
Une tomodensitométrie s'avère nécessaire dans le cas des patients ayant subi un traumatisme crânien mineur et présentant une des sept caractéristiques suivantes :

1. Réaction mentale, verbale ou oculaire réduite pendant deux heures ou plus après la blessure (échelle de coma de Glasgow 13-15).
2. Fracture du crâne soupçonnée, soit fracture ouverte ou enfoncement localisé.
3. Tout signe de fracture de la base du crâne (p. ex. yeux au beurre noir).
4. Deux épisodes ou plus de vomissement.
5. Patients âgés de 65 ans ou plus.
6. Amnésie avant impact de 30 minutes ou plus.
7. Mécanisme dangereux (p. ex. patient éjecté par le pare-brise d'un véhicule).

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