Rendre les thérapies CAR T-cell plus accessibles

 

Par Heather Blumenthal

 

À la suite d’une étude sur la façon de convaincre les décideurs en soins de santé de financer une nouvelle thérapie CAR T-cell coûteuse pour la leucémie en tenant compte des coûts dans le processus de recherche, Kednapa Thavorn en est venue à une conclusion importante : les efforts visant à développer une thérapie CAR T-cell fabriquée au Canada valent la peine d’être poursuivis.

 

Kednapa Thavorn, de l’Hôpital d’Ottawa, dirige un projet financé par BioCanRx portant sur l’intégration efficace de l’analyse économique dans le processus de recherche à un stade plus précoce, et ce, afin d’accroître la probabilité que les régimes d’assurance-maladie provinciaux paient pour ces nouveaux traitements potentiellement plus efficaces, mais aussi plus coûteux.

 

« Notre étude démontre qu’il y a de la place pour la thérapie CAR T-cell sur le marché, dit-elle. Nous démontrons en outre que la thérapie CAR T-cell fabriquée au Canada pourrait être rentable et a beaucoup plus de chances d’être financée que les thérapies CAR T-cell commerciales existantes. »

 

« Le prix maximal remboursable doit être suffisamment élevé pour que les producteurs aillent de l’avant, explique-t-elle. Cependant, les chercheurs doivent réduire le prix par dose ou obtenir de meilleurs résultats en matière de santé, tels que des risques réduits de récidive ou de décès. »

 

En d’autres termes, explique-t-elle, nous devons offrir « le meilleur rapport qualité-prix ».

 

Comme il est indiqué dans le bulletin de décembre 2021, le projet de K. Thavorn consistait en la conception d’une modélisation mathématique pouvant évaluer, en fonction des résultats projetés et d’autres facteurs, ce que les ministères provinciaux de la Santé seraient prêts à payer pour un nouveau traitement. De cette façon, si un nouveau traitement s’avère trop coûteux, les chercheurs pourraient apporter des ajustements tôt dans le processus pour en réduire le coût ou améliorer les résultats en matière de santé, ce qui justifierait un coût plus élevé.

 

Maintenant que le projet est terminé, K. Thavorn et son équipe se préparent à en publier les résultats. En plus de constater que la thérapie CAR T-cell fabriquée au Canada est une option économiquement viable, elle affirme que son équipe a également fait « un très bon travail » en mobilisant les patients.

 

Cette participation des patients les a amenés à adapter le modèle économique pour qu’il tienne compte de considérations de coûts qui n’étaient pas immédiatement évidentes. Étant donné que la thérapie CAR T-cell n’est offerte que dans un nombre limité de centres, les patients ont, par exemple, souligné la nécessité d’intégrer les frais de déplacement et d’hébergement pour eux-mêmes et une personne aidante.

 

« Ne faites pas de suppositions sur ce que les patients peuvent ou ne peuvent pas faire, dit-elle. Ils peuvent contribuer de manière importante à la partie analytique du travail. »

 

La participation des patients a encouragé K. Thavorn et son équipe à élaborer un cadre de mobilisation des patients, notamment en préparant des questions sur le moment auquel ils peuvent participer et sur le soutien dont ils ont besoin pour participer de manière significative à la recherche.

 

Le coût des nouvelles thérapies dans de multiples domaines thérapeutiques exerce une pression sur les systèmes de soins de santé partout au pays. L’approche de K. Thavorn permettra aux chercheurs de cibler plus facilement le coût de l’innovation et aux décideurs d’approuver le financement de ces innovations.

 

Afin d’étendre le concept à d’autres domaines thérapeutiques, l’équipe tient des discussions actives avec d’autres personnes, dont des patients, des cliniciens, des chercheurs, des concepteurs de thérapies CAR T-cell et des payeurs de soins de santé, en commençant par des chercheurs de l’Université de Montréal dont les travaux portent sur la conception d’une immunothérapie novatrice pour la leucémie pédiatrique et des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique dont les travaux portent sur une thérapie cellulaire pour la prévention de l’inflammation chronique lors de transplantations.