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Répéter un test de dépistage du cancer de la prostate controversé lorsque les résultats sont anormaux donne des résultats positifs


le 10 décembre 2015

Le test de dépistage de l’antigène prostatique spécifique (APS) est utilisé depuis plus de 20 ans pour aider à dépister le cancer de la prostate. Ces dernières années, toutefois, des groupes de travail ont demandé son abandon parce qu’il entraîne bien des biopsies inutiles. Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa montre aujourd’hui que la répétition de ce test lorsque les résultats sont anormaux réduit considérablement le nombre de biopsies inutiles.

L’étude, dirigée par les Drs Rodney Breau et Luke Lavallée et publiée dans le numéro du 10 décembre 2015 de la revue Mayo Clinic Proceedings, est la première à évaluer les conséquences de la répétition rapide du test auprès d’un vaste groupe d’hommes.

« Un taux élevé d’APS est associé à un risque élevé de cancer de la prostate. Le test de dépistage de l’APS peut aider à dépister le cancer à un stade précoce où il est plus facile à traiter », explique le Dr Breau, chirurgien spécialisé dans le cancer de la prostate et scientifique adjoint spécialisé en épidémiologie à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Les taux d’APS peuvent toutefois aussi fluctuer à cause d’une infection, d’une activité physique ou d’une erreur commise en laboratoire. Nous avons donc adopté un protocole pour répéter le test chaque fois qu’il donne des résultats anormaux avant de recommander une biopsie. Nous pensions que cela réduirait le nombre de biopsies inutiles, ce que notre étude a confirmé. »

L’équipe de recherche a examiné le dossier médical de 1 268 hommes qui ont obtenu des résultats anormaux au test de l’APS à la Clinique d’évaluation du cancer Ages à L’Hôpital d’Ottawa entre 2008 et 2013. Vingt-cinq pourcent d’entre eux ont obtenu des résultats normaux au deuxième test. Seulement 28 % des hommes qui ont obtenu des résultats conflictuels ont passé une biopsie. Ce pourcentage est de 62 % chez les hommes qui ont obtenu deux résultats anormaux, ce qui représente une diminution de 55 % du nombre de biopsies.

De plus, seulement 3 % des hommes qui ont obtenu des résultats conflictuels et passé une biopsie ont reçu un diagnostic de cancer la même année. Ce pourcentage est de 19 % chez les hommes qui ont eu deux résultats anormaux, ce qui montre que le second test est important.

« Un homme qui reçoit des résultats anormaux au test de l’APS devrait faire répéter le test avant de passer une biopsie, affirme le Dr Breau. Certains médecins et patients pourraient craindre que leur cancer ne soit pas dépisté s’ils ne demandent pas une biopsie après avoir reçu des résultats conflictuels, mais notre étude montre que c’est très peu probable. Il est aussi important de se rappeler que ce test n’est qu’un seul des différents facteurs pris en compte pour déterminer le besoin d’une biopsie. La décision est toujours prise en collaboration avec le patient et elle peut être réévaluée si les facteurs de risque changent. »

« Notre étude a des répercussions importantes pour les patients et le système de santé », explique le Dr Lavallée, chirurgien spécialiste du cancer de la prostate et chercheur à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Une biopsie de la prostate peut être désagréable et gênante pour le patient et, dans de rares cas, elle peut causer une infection. Nous voulons donc la faire seulement si elle est vraiment nécessaire. De plus, la biopsie coûte cher au système de santé. »

D’après la Société canadienne du cancer, approximativement 24 000 Canadiens reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate chaque année et le taux de survie sur cinq ans est de 96 %. Un test de dépistage de l’APS coûte environ 30 $ alors qu’une biopsie de la prostate coûte environ 880 $.

Référence complète : « Reducing the Harm of Prostate Cancer Screening by Repeating an Abnormal Prostate-Specific Antigen Test », Mayo Clinic Proceedings, Luke T. Lavallée; Andrew Binette; Kelsey Witiuk; Sonya Cnossen; Ranjeeta Mallick; Dean Fergusson; Franco Momoli; Chris Morash; Ilias Cagiannos et Rodney H. Breau, le 10 décembre 2015.

Financement : L’étude ne bénéficiait pas de fonds dédiés, mais le Dr Breau est soutenu par une chaire de recherche en urologie oncologique financée par la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.

Vidéo : Dr Breau parle des résultats. Dr. Breau parle de son recherche en générale.

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