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Une étude à Ottawa révèle que la forme « normale » de la protéine prion, associée aux maladies neurodégénératives, pourrait influencer la régulation de la glycémie


le 4 décembre 2006

Des chercheurs s’intéressant au diabète à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (IRHO) ont découvert que la forme normale de la protéine prion, associée à de rares maladies neurodégénératives, pourrait influencer la régulation de la glycémie. Affilié à l’Université d’Ottawa, l’IRHO est l’établissement de recherche de L’Hôpital d’Ottawa.

La revue scientifique Laboratory Investigation publiait aujourd’hui ces constatations dans sa version en ligne. Ces recherches feront la une du numéro imprimé de la revue. Cette découverte est le fruit de récents travaux du Dr Alexander Strom, boursier postdoctoral, du Dr Gen-Sheng Wang, adjoint de recherche, du Dr Fraser Scott, scientifique principal, et de leurs collaborateurs à l’université Simon Fraser à Burnaby et au Heinrich-Pette-Institute à Hambourg.

Les maladies à prions, comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l’humain, s’accompagnent d’une accumulation de protéines prions mal repliées dans le cerveau. Le fonctionnement de la protéine prion mal repliée a fait l’objet de nombreuses études. Par contre, on connaît très peu le rôle de la protéine normale, qui s’exerce naturellement dans un grand nombre de types de cellules. On décrit toujours ce rôle comme une « boîte noire ». L’étude publiée aujourd’hui, qui portait sur des rats, est la première à faire un lien entre la protéine prion normale et le contrôle de la glycémie.

L’équipe de recherche du Dr Scott a découvert que la protéine prion normalement repliée peut former des accumulations uniques à l’intérieur des cellules spécialisées du pancréas responsables de la production d’insuline pour contrôler le sucre dans le sang. Elle a aussi remarqué la présence de trois fois plus de cellules productrices d’insuline avec des amas de protéines prions dans les rats prédisposés au diabète. Enfin, les chercheurs ont démontré que le modèle d’accumulation des protéines prions dans le pancréas d’un rat normal change dramatiquement un à trois jours après l’administration de fortes concentrations de sucre dans le sang.

L’équipe du Dr Scott est renommée pour ses travaux sur la modification environnementale du diabète de type 1 ou diabète juvénile. Cette maladie se produit lorsque le système immunitaire attaque les cellules qui produisent l’insuline dans le pancréas. De récentes recherches tentaient de déterminer ce qui rendait ces cellules vulnérables aux attaques immunitaires chez certaines personnes. Cependant, le Dr Scott prévient que, même si les résultats des travaux révèlent que l’accumulation des protéines prions est un facteur unique dans ces cellules, il faut d’autres études pour confirmer cette constatation et en déterminer l’importance.

« Nous ne pouvons présentement que spéculer sur l’importance des résultats sur le plan du fonctionnement normal et anormal du corps, explique le Dr Scott. Nous espérons que nos découvertes stimuleront encore plus de discussions et de recherches scientifiques. »

L’accumulation de protéines est associée à un certain nombre de maladies neurodégénératives. Le Dr John Woulfe, scientifique adjoint à l’IRHO, étudie ces maladies et croit que les résultats publiés aujourd’hui susciteront probablement beaucoup d’intérêt dans le milieu des neurosciences.

« Les cellules du cerveau et les cellules du pancréas productrices d’insuline ont beaucoup en commun. Ces travaux fascinants établissent un autre lien de plus entre elles. Même si les recherches n’en sont qu’à leurs débuts, les implications possibles sont multiples. En plus de faire comprendre le rôle des protéines prions dans la régulation normale du glucose et peut-être dans le diabète, ces recherches pourraient expliquer la cause des maladies à prions », a déclaré le Dr Woulfe, qui est aussi neuropathologiste à L’Hôpital d’Ottawa et professeur adjoint à l’Université d’Ottawa.

Les Instituts de recherche en santé du Canada, l’Association canadienne du diabète et la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile ont financé ces recherches. La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa aide financièrement l’IRHO. Pour plus de renseignements, rendez-vous au www.irso.ca.

Contact pour les médias
Jennifer Paterson
Directrice, Communications et relations publiques
Institut de recherche en santé d’Ottawa
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