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Le Dr Benjamin Tsang découvre une nouvelle dimension au gène le plus fréquemment muté dans le cancer chez l’humain


le 1 mai 2006

Les scientifiques contemporains en connaissent peut-être plus à propos du p53 que de tout autre gène. D’abord identifié en 1979, il a été surnommé en 1993 la « Molécule de l’année » par la revue internationale Science. La fonction du p53 est de prévenir que le cancer se propage aux cellules normales et il fait tellement bien son travail que de nombreux cancers ne peuvent pas se développer à moins de se débarrasser du p53. De fait, plus de la moitié des cancers chez l’humain sont présents lorsque les gènes p53 ont été perdus ou endommagés.

On compte présentement dans le monde entier des milliers de scientifiques qui étudient le p53. Or, le Dr Benjamin Tsang, scientifique principal à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (IRHO), a découvert une nouvelle dimension à ce gène important dans la biologie du cancer. Le Dr Tsang est aussi professeur dans deux départements de l’Université d’Ottawa, en médecine cellulaire et moléculaire et en obstétrique et gynécologie.

La découverte du Dr Tsang concerne le rôle du p53 dans la mort des cellules. Lorsque l’ADN d’une cellule est endommagé (par exemple, par les rayons ultraviolets du soleil), le p53 « décide » si le dommage peut être réparé ou encore s’il est trop grave et alors, la cellule devrait s’anéantir. La décision est incroyablement importante, parce que si on laisse la cellule porteuse de dommages sérieux à l’ADN continuer à se diviser, elle deviendra éventuellement une cellule cancéreuse.

Le p53 déclenche le suicide des cellules de deux façons. Celle la plus étudiée comporte le p53 qui s’attache aux gènes de la mort cellulaire dans le noyau, ce qui fait en sorte que la cellule « transcrit » un plus grand nombre de ces gènes en protéines actives de mort cellulaire. Au cours des dernières années, les scientifiques ont commencé à remarquer que le p53 pouvait déclencher la mort des cellules d’autres façons différentes, mais le mécanisme n’était pas clair. De récentes données probantes font valoir que le p53 pourrait s’accumuler dans un compartiment cellulaire complètement différent (la mitochondrie) et y interagir directement avec les protéines de la mort cellulaire.

Dans son plus récent article, publié dans le numéro du 15 mars de Cancer Research, le Dr Tsang fait valoir que c’est effectivement le cas dans certaines cellules du cancer ovarien. Avant tout, les résultats de cette recherche indiquent que ce processus pourrait contrôler la réponse à la chimiothérapie. Le groupe du Dr Tsang a démontré que le p53 s’accumule dans les mitochondries des cellules ovariennes cancéreuses humaines qui sont sensibles à la chimiothérapie, mais il ne le fait pas dans celles qui y sont résistantes. Les chercheurs ont aussi indiqué que, dans les cellules sensibles, le p53 incite directement les mitochondries à produire une mort cellulaire qui favorise un facteur appelé Smac. Leurs travaux représentent la première démonstration d’un rôle du Smac dans la sensibilité à la chimiothérapie et la première démonstration de la régulation différentielle de l’accumulation du p53 dans les mitochondries. Ces découvertes pourraient éventuellement amener à l’élaboration de nouvelles façons de rendre les cellules cancéreuses plus sensibles à la chimiothérapie. Elles pourraient aussi se traduire par de nouvelles épreuves pour déterminer la probabilité de l’efficacité de la chimiothérapie contre des cancers en particulier.

Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec Xiaokui Yang, Michael Fraser et le a href="https://www.ohri.ca/profiles/basak.asp">Dr Ajoy Basak (tous de l’IRHO) et Ute Moll de l’Université de l’État de New York. Ce sont les Instituts canadiens de recherche en santé et l’Institut national du cancer du Canada qui ont fourni le financement.

Durant l’année dernière, le Dr Tsang s’est mérité le Prix du mérite scientifique Dr J. David Grimes, et il est devenu président de la Société canadienne de fertilité et d'andrologie. Il est aussi professeur honoraire à l’Académie chinoise des sciences de l’Université Jinan en Chine et à l’Université médicale de Nanjing, également en Chine. Il a dirigé plusieurs projets de recherches internationaux en recherche (voir l'article du Ottawa Sun). Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le profil scientifique du Dr Tsang.