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Une équipe d'Ottawa découvre que des antidépresseurs populaires pourraient avoir des effets négatifs sure le foetus


le 6 avril 2006

Une équipe composée de membres de l'Institut de recherche en santé d'Ottawa (IRHO), de l'Université d'Ottawa et de L'Hôpital d'Ottawa (L’HO) a constaté que, chez les femmes enceintes ayant pris des antidépresseurs de type populaire pendant la grossesse, il y a un risque accru d'accouchement prématuré ainsi que de cas d’insuffisance de poids à la naissance, de mort du foetus et de crises d’épilepsie infantiles.

L'étude, publiée dans le numéro d’avril de l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, a utilisé des données appariées tirées de registres d’ordonnances et de dossiers médicaux de mères ainsi que de leurs nouveau-nés pour évaluer l’innocuité d’un type d’antidépresseurs connus sous le nom d’inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS). On a comparé les dossiers de 972 femmes enceintes prenant des ISRS avec ceux de 3 878 femmes (témoins) n’en prenant pas. Les chercheurs ont découvert que le groupe de femmes enceintes prenant des ISRS avait un risque considérablement accru d’avoir un accouchement prématuré (19,3 pour cent comparativement à 12,0 pour cent) ou un bébé ayant une insuffisance de poids à la naissance (9,0 pour cent comparativement à 5,3 pour cent), ayant subi une mort du foetus (1,1 pour cent comparativement à 0,4 pour cent) ou une crise d’épilepsie infantile (0,4 pour cent comparativement à 0,1 pour cent). Il n’y avait pas de risques accrus d’anomalies congénitales, d’infection, de besoin de soutien respiratoire ou de mort jusqu’à un an après la naissance.

Même si des études précédentes ont révélé des effets secondaires liés aux ISRS sur le fœtus, cette étude est la plus substantielle à date qui examine une variété d’effets sans avoir faire appel à la mémoire des patientes en ce qui a trait à leurs dossiers d’ordonnance.

« Ces résultats sont certainement troublants », affirme le docteur Mark Walker, un scientifique de l'IRHO et co-auteur principal de l’étude. « Mais il a aussi été démontré que la dépression non traitée avait des effets secondaires sur les femmes et possiblement sur leurs foetus. Je crois qu’il est important que chaque cas soit évalué individuellement afin de déterminer les risques et les avantages d’un traitement aux antidépresseurs. Les patientes doivent prendre des décisions éclairées, et nous devrions surveiller davantage les femmes prenant des ISRS. » Le docteur Walker est aussi médecin au Département d'obstétrique et de gynécologie à L’HO et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l'Université d'Ottawa.

L’étude concernait des ISRS tels que la fluoxétine (Prozac®), la paroxétine (Paxil®) et la sertraline (Zoloft®), mais la taille de l’échantillon n’était pas assez grande pour que l’on puisse estimer les risques de chacun des ISRS individuellement.

« Les ISRS ont amélioré la santé et la qualité de vie d’un très grand nombre de personnes, mais à la lumière de cette étude, nous devons être encore plus prudents en considérant les éventuels avantages du traitement, par rapport aux risques potentiels », a déclaré le docteur Robert Swenson, chef adjoint du Département de psychiatrie à L’HO, professeur agrégé de psychiatrie à l'Université d'Ottawa et chercheur clinique à l'IRHO. « Avant tout, il est important que toute personne prenant des ISRS demande l’avis d’un professionnel avant de modifier ou d’interrompre son traitement.»

Les ISRS sont généralement considérés comme les antidépresseurs les plus couramment prescrits à des patients en dépression et environ dix pour cent de femmes enceintes souffrent de dépression clinique.

L’équipe de recherche compte aussi les docteurs Shi Wu Wen, Qiuying Yang, Peter Garner et Carl Nimrod, tous de l'IRHO (un institut de recherche de l’Université d’Ottawa affilié à L’HO ainsi que l’organe de recherche de L’HO). Les docteurs William Fraser, de l’Université de Montréal, et Olufemi Olatunbosun, de l’Université de la Saskatchewan, sont également co-auteurs.

Les données ont été obtenues à partir des dossiers de la base de données sur la santé de la Saskatchewan rassemblés entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre 2000. Ce logiciel unique est un outil essential pour les chercheurs parce qu’il tient compte des prescriptions émises tout au long de la vie du patient.

L’étude a été subventionnée par The Hospital for Sick Kids Foundation. Les docteurs Shi Wu Wen et Mark Walker sont tous les deux appuyés financièrement par des bourses de nouveaux chercheurs remises par l’Institut de recherche en santé du Canada (IRSC).

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