Nouvelles

De nombreuses femmes pourraient arrêter de prendre un anticoagulant grâce à une règle simple


le 25 août 2008

Un groupe international de recherche dirigé par un Canadien a mis au point une règle simple qui pourrait permettre à des centaines de femmes de cesser de prendre un anticoagulant comme de la warfarine.

Le groupe, dirigé par un chercheur d’Ottawa, le Dr Marc Rodger, a examiné 646 personnes qui font des caillots de sang dans les jambes, les bras et les poumons sans raison évidente (ce que l’on appelle une thromboembolie veineuse non provoquée). Ce problème peut toucher jusqu’à 2,5 % de la population à un moment ou l’autre de sa vie et il s’agit d’une cause importante de décès. Après le traitement du premier caillot de sang, on prescrit de la warfarine pour réduire le risque qu’il se forme d’autres caillots.

« Bien des patients finissent par prendre de la warfarine pendant le restant de leurs jours, mais il y a eu beaucoup de débats à ce sujet. En effet, même si l’anticoagulant réduit le risque qu’il se forme un autre caillot, il augmente aussi le risque d’un saignement important, et nous ne savions comment parvenir à un juste équilibre entre les risques encourus et les avantages thérapeutiques », précise le Dr Marc Rodger, scientifique principal à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, hématologue à L’Hôpital d’Ottawa et professeur agrégé de médecine à l’Université d’Ottawa. « Notre étude est la première à cerner un groupe de patients qui courent peu de risques de faire d’autres caillots et qui peuvent par conséquent arrêter de prendre de la warfarine après six mois. Si d’autres études confirment les résultats et que cette règle devient largement utilisée, cette dernière pourrait aider à prévenir bien des cas de saignement massif et de décès, en plus de réduire le coût important associé à la prise chronique de warfarine. »

Les résultats de l’étude sont publiés dans le numéro du 26 août 2008 du Journal de l’Association médicale canadienne. Il s’agit de la plus vaste étude jamais réalisée sur les facteurs de risque associés à la récurrence inexpliquée de caillots sanguins. Des patients du Canada, des États-Unis, de la France et de la Suisse y ont participé. Les chercheurs ont recueilli un grand nombre de renseignements sur chaque patient, avant de réaliser une analyse mathématique visant à déterminer les facteurs présents chez les patients développant d’autres caillots de sang. L’analyse a révélé que les patients les moins à risque étaient les femmes qui présentaient, six mois après avoir commencé à prendre de la warfarine, au plus l’un des facteurs suivants :
  • décoloration, rougeur ou enflure d’une jambe;
  • taux élevé de « D-dimères » (présence de caillots de sang);
  • indice de masse corporelle de 30 kg/m2 ou plus;
  • avoir 65 ans ou plus.

Le risque de faire un autre caillot au cours de l’année suivante s’élevait à 1,6 % pour ces patientes (soit environ la moitié des femmes), et ce, par comparaison à 14,1 % chez les femmes qui présentaient au moins deux de ces facteurs. Les chercheurs n’ont trouvé aucune combinaison de facteurs susceptibles de prédire la même tendance chez les hommes.

Les Instituts de recherche en santé du Canada et bioMérieux ont financé l’étude.

« L’étude réalisée par le Dr Rodger et son équipe est très prometteuse pour les milliers de femmes qui ont déjà eu des caillots sanguins et celles qui sont à risque », souligne le Dr Peter Liu, directeur scientifique de l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire des IRSC. « Les résultats démontrent aussi l’importance d’utiliser les connaissances acquises grâce à la recherche en santé pour créer de nouvelles options de traitement qui sont bénéfiques pour notre santé et notre système de santé. »

Au sujet de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (www.irso.ca)
L’Institut de recherche en santé d’Ottawa (IRHO) est l’établissement de recherche de L’Hôpital d’Ottawa. Il est également affilié à l’Université d’Ottawa et entretient des liens étroits avec ses facultés de médecine et des sciences de la santé. L’IRHO regroupe plus de 1 300 scientifiques, chercheurs cliniciens, étudiants diplômés, boursiers postdoctoraux et employés de soutien qui se consacrent à la recherche pour améliorer la compréhension, la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies.

Au sujet des Instituts de recherche en santé du Canada (www.cihr-irsc.gc.ca)
Les Instituts de recherche en santé du Canada sont l'organisme de recherche en santé du gouvernement du Canada. Leur objectif est de créer de nouvelles connaissances scientifiques et de favoriser leur application en vue d'améliorer la santé, d'offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada. Composés de 13 instituts, les IRSC offrent leadership et soutien à plus de 10 000 chercheurs et stagiaires en santé dans toutes les provinces du Canada.

Renseignements :
Jennifer Paterson
Directrice, Communications et relations publiques
Institut de recherche en santé d’Ottawa
613-798-5555, poste 19691
jpaterson@ohri.ca